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Les Meynard, un siècle de vins dans leurs filets (Article Sud-Ouest lundi 17 septembre 2012)

 

Augustin, Grégoire, ou l’aînée Aliénor, étudiante aux USA, pourraient succéder à leur père Patrick Meynard à la tête de l’entreprise familiale. PHOTO X.D.

Nous sommes quai des Chartrons. Pendant que vous posez un pied prudent sur cet escalier pentu telle une échelle de meunier, Patrick Meynard, 49 ans, patron de la société homonyme d’emballage de bouteilles, le monte au pas de course. Il le grimpait déjà en culottes courtes derrière son père, Alain et Roger le grand-père.

Les bouteilles de Coppola

Roger avait succédé à Louis, fils de Jean-Christian Meynard, l’initiateur. Une histoire d’hommes et de bouteilles. De brandy et d’armagnac, beaucoup de vins espagnols, un peu d’huile d’olives. Toutes habillées de filets de cuivre et de laiton, un fourreau en losanges. Sur la porte d’entrée de son bureau, Patrick Meynard a placardé ceci : « Celui qui entre ici avec un problème et qui n’a pas la solution fait lui-même partie du problème. » Il s’y est assis le lundi 16 mai 1995, trois jours après le décès soudain de son père. Alors à la tête de sept cabinets d’experts-comptables qu’il vendit en six mois, Patrick Meynard avait résolu le problème : pouvait-il laisser s’éteindre une entreprise fondée par son arrière grand-père en 1928 ? Laisser entre des mains étrangères cette machine automatique de fabrication de filets que son père Alain avait mis plus d’une décennie à mettre au point ? Une machine commandée pour la seconde fois par la société californienne « Black Diamond » (NDLR : Diamant noir) qui permettra en 2012 d’emmailloter des bouteilles estampillées du nom de leur propriétaire : Francis Ford Coppola.

Lorsqu’il s’agit de mettre de côté des objets retrouvés dans une propriété viticole achetée par le réalisateur du Parrain pour en faire un musée du vin fut découverte une demi-bouteille de « dry Sauternes ». Enveloppée dans un filet en losanges sorti de la maison Meynard. « Retrouvez-moi qui a fait ça », dit Coppola. Le rioja « Marques de Riscal » fournit la réponse : « Nous travaillons énormément avec les Espagnols qui sont restés fidèles à ce procédé utilisé jadis à Bordeaux pour authentifier les vins de prestige (avec un cachet) et éviter les trafics avant que Philippe de Rothschild ne décide de mettre en bouteilles au château. » Patrick Meynard développe actuellement des filets bleu jaune et vert aux couleurs du vin brésilien pour la Coupe du Monde 2014. S’apprêtant à déménager à Castelnau-du-Médoc : « Les quais sont la plus belle réussite touristique de Juppé. Le revers de la médaille c’est que les entreprises ne peuvent plus y travailler. Bordeaux est depuis toujours une ville de réseau. Le Bordelais ne vous tape pas sur l’épaule mais son amitié acquise n’est jamais superficielle. »

Xavier Dorsemaine

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