On raconte que Moulis tient son nom de la présence de moulins sur son territoire.
Le vignoble est attesté dès le XIIIe siècle et l’on sait que la vigne fut établie à Moulis dès le Moyen-âge par les propriétaires féodaux et par une communauté religieuse dont l’église romane atteste l’existence et l’importance.
Mais la réputation des vins de Moulis s’établit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dans le sillage des grands chefs de file du Haut-Médoc, avec la politique du libre échange du Second Empire et les relations privilégiées entre Napoléon III et le Reine Victoria.
Au cœur du Médoc, l’appellation Moulis-en-Médoc se situe entre les deux grands axes de pénétration de la presqu’île Médocaine. A la fois proche et à l’abri des grands passages, elle su profiter de cette situation discrète et privilégiée.
La dénomination « Moulis »
A la fin du XIXe siècle, Moulis a développé considérablement sa surface consacrée à la vigne, et ses vins ont acquis un rang qualitatif suffisant pour devenir une référence, prélude à la naissance d’une appellation.
Au début du XXe siècle, les conditions de mise en marché des vins de Moulis, Lamarque et Arcins étaient déterminées par le négoce bordelais. Sous la pression des propriétaires et des vignerons motivés par la défense de leurs marques de crus, face à la fraude et à la spéculation, le négoce du faire des concessions dans ses pratiques. Le négoce détenait les conditions de mise en marché cependant que les châteaux commercialisaient directement une faible partie de leur récolte.
La dénomination Moulis est née des pratiques commerciales des propriétaires qui vendaient une partie de leur production aux particuliers. C’est dans ce circuit de distribution que la mention Moulis est apparue pour la première fois.
La dénomination Moulis apparu également progressivement sur les certificats des vins en vrac produits sur la commune selon la notoriété des crus. Les Bourgeois les plus cotés réussirent à imposer cette pratique dès la reprise de 1921 à 1929. La naissance du syndicat de Moulis en 1936 puis la création de l’A.O.C. (Décret du 14 mai 1938, modifié par le Décret du 4 janvier 1939) allaient conforter les revendications des producteurs pour que l’identification de leur crû par le consommateur soit claire et protégée légalement.
L’absence de crus classés
L’AOC Moulis en Médoc ne dispose d’aucun cru classé en 1855, et ce, malgré l’affirmation du notaire BIGEAT, qui écrivait en 1866 que la « classification des Moulis n’est qu’une question de temps ». Néanmoins, nombre de ses châteaux mériteraient de l’être si l’on en croit Monsieur Féret, auteur de la bible des vins de notre région, « Le Bordeaux et ses Vins ». Cet éditeur précise dans sa quinzième édition parue en 1982 : « Si la mise à jour et l’établissement d’une hiérarchie de mérite dans les vins de Bordeaux produits par les crus situés dans l’aire géographique définie par l’appellation Médoc, prévus par l’arrêté du 27 juin 1972 de Monsieur Le Ministre de l’Agriculture, étaient effectuée, certains crus de Moulis-en-Médoc seraient susceptibles d’y figurer ».
En 1961, un nouveau classement commandité par l’I.N.A.O. a vu le jour, mais n’a jamais été homologué « parce qu’il fit plus de mécontents que de satisfaits… ». « On note la présence de quatre châteaux de Moulis, appellation complètement oubliée en 1855, un peu à tord semble t’il… » (Le Grand Bernard des Vins de France : Haut Médoc de Didier TERS, page 44).